Spleen Baudelairien

Spleen, un des poèmes de l'œuvre de Charles Baudelaire tiré de son recueil "Les fleurs du mal", mis en musique par Léo Ferré

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
 

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
 

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
 

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
 

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire

Dans l'article de "Forces parallèles chroniques éclectiques" consacré à Léo Ferré "Léo FERRE - Léo Ferre Chante Baudelaire (1967)" (cliquez sur le lien ci-dessous)

On peut lire : Déclamer « Spleen », par exemple, nous interroge : ces mots ne devraient-ils pas être murmurés ? Et pourquoi donc alourdir « La Beauté » à grands renforts de vibrato ?

Personnellement, je ne suis pas du tout de cet avis, je ressens au contraire, dans cette interprétation particulièrement prégnante, une atmosphère qui fait mieux ressortir au travers des différentes figures de style du poème, l'emprisonnement, la perte de l'espoir, l'angoisse, en fin de compte le mal-être de l'auteur.